« Les voix d’Handi Surf » #3- Céline Rouillard, l’Océan pour thérapie

Il y a quatre ans elle cédait à l’appel de l’Océan et commençait le surf. Un sport qu’elle avait choisi de pratiquer pour contrer l’avancée de sa maladie et qui s’est vite révélé être une passion. Céline Rouillard, aujourd’hui compétitrice au niveau national et européen, nous raconte l’impact que la pratique de ce sport a eu sur sa vie.

Elle a grandi à Saint-Jean-de-Luz, face à l’Océan Atlantique qu’elle affectionne, sans jamais toucher une planche de surf. En 2015, elle revient sur la Côte Basque atteinte d’une sclérose en plaques qui affecte sa motricité et décide de se lancer corps et âme dans la pratique de ce sport exigeant. Un nouveau défi à relever pour Céline Rouillard qui considère le handicap comme une différence mais pas comme un obstacle. Quatre ans plus tard, cette challengeuse a tout gagné : une passion, une amélioration de son état de santé et deux titres d’envergure. En seulement deux années de compétitions elle devient en effet, Vice-Championne de France Para Surf en 2018 et Championne d’Europe dans sa catégorie en 2019. Une sportive qui n’a pas froid aux yeux et pour qui « rien n’est impossible ».

« C’était un challenge d’essayer un nouveau sport »

Bonjour Céline ! Depuis plusieurs années maintenant tu pratiques le surf, notamment en compétition. Quand as-tu commencé ce sport ? Étais-tu déjà montée sur une planche avant ta pratique du « Handi Surf » ? 

Bonjour ! J’ai commencé le surf il y a quatre ans, quand je suis rentrée au Pays Basque pour me remettre en forme du fait de ma maladie. Je n’en avais jamais fait auparavant. En grandissant à Saint Jean de Luz, j’ai fait beaucoup de sports aquatiques, notamment de la natation, mais je n’avais jamais touché une planche ! Un jour j’ai rencontré Jean-Marc (Jean-Marc SAINT-GEOURS, Directeur et co-fondateur de l’Association Nationale Handi Surf) lors d’une séance piscine. Je lui ai alors demandé si c’était possible de faire du surf avec ma maladie, il m’a répondu : « Céline, rien n’est impossible ».

Que ressens-tu lorsque tu es dans l’Océan et que tu surfes ?

La liberté !

Je suis atteinte d’une sclérose en plaques, une maladie qui touche le système nerveux et affecte la motricité. Quand je suis dans l’eau je suis plus légère et portée par la flottaison. L’Océan offre une facilité dans les gestes et dans le mouvement. Au niveau moteur c’est génial ! Ca m’a été très utile physiquement de pratiquer ce sport.

Est-ce qu’après ces quatre années de surf tu as pu voir des bénéfices dans ta vie quotidienne ?

Le surf m’a énormément apporté, tant au niveau moteur que mental. Ca m’a permis de faire l’inventaire des possibilités qui s’ouvraient à moi et des nouvelles choses que je pouvais faire. C’était un challenge d’essayer un nouveau sport, de faire quelque chose que je ne faisais pas avant ma maladie. On se concentre sur le positif au lieu de se focaliser sur ce qu’on ne peut plus faire ! J’y ai aussi fait la rencontre de personnes inspirantes. On se rend compte que chacun a ses difficultés. Et dans un sport comme celui-ci, exigeant et qui nécessite de s’adapter sans cesse à l’environnement, c’est d’autant plus flagrant.

Je ne suis pas la seule à en avoir senti les bénéfices, l’équipe médicale qui m’entoure a été impressionnée des résultats et des progrès que j’ai pu faire !

Tu as commencé la compétition en 2018, seulement deux ans après tes débuts en surf et tu as déjà gagné deux prix importants ! Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans la compétition ?

C’était un challenge. Dans mon club (l’Aviron Bayonnais Surf Club dont elle est aujourd’hui la secrétaire générale) il y avait déjà plusieurs compétiteurs dans les catégories Para-Surf et Para-Surf adapté. Ca a favorisé mon envie de me lancer. Jean-Marc SAINT-GEOURS en était le Président à l’époque, on était donc bien au courant des compétitions de para surf qui avaient lieu !

Même si c’était un défi, c’était surtout un plaisir. A l’extérieur du surf, du fait de ma maladie, je pratique beaucoup de sport, d’exercice physique, notamment de la kiné. La compétition c’était un cadeau que je faisais à mon côté challengeur : ça n’avait plus rien à voir avec ma santé, c’était simplement pour moi !

Il y a aujourd’hui de plus en plus de surfeurs en situation de handicap. Cependant, on voit que la pratique féminine en « handi surf » est plus faible. A ton avis, à quoi est-ce dû ? As-tu pu voir une évolution ?

Oui, je trouve que c’est en train d’évoluer. On est sur une bonne dynamique !

En seulement deux ans, j’ai pu voir un nombre croissant de filles et notamment de jeunes sur les compétitions Para Surf. Le fait que des jeunes filles se mettent à la compétition c’est prometteur pour la suite. C’est surement dû à une évolution plus générale des mentalités depuis plusieurs années. Quand j’étais adolescente, le surf était un milieu plutôt masculin, seuls mes copains garçons surfaient. Aujourd’hui le surf féminin est reconnu. C’est la même chose pour le sport handi ! Aujourd’hui on met la pratique en avant. Cette tendance, on la retrouve dans les centres de rééducation, notamment à Marienia à Cambo où je suis allée. Les professionnels nous vantent la pratique du sport, et nous poussent à nous dépasser. Ils nous aident à trouver de nouvelles façons d’arriver aux objectifs qu’on vise et nous donnent des clefs pour qu’on apprenne à adapter nos gestes. On y côtoie aussi pas mal de sportifs qui viennent s’y entrainer, faire de la préparation physique… Tout ceci porte et nous montre que le handicap est surtout dans les yeux des autres. Qui a décidé qu’il ne devait y avoir qu’une seule façon de faire les choses ?

Pour finir, quel mot définit pour toi la pratique « handi surf » ?

Le plaisir !

Crédit photo : RiBLANC