Retour sur le webinaire INCLUSEA (19/01/2023) : des résultats et des avancées de recherche commentées par 5 intervenants

Le jeudi 19 janvier 2023, l’équipe Handi Surf organisait son deuxième webinaire autour du projet INCLUSEA ! Pour rappel, ce projet co-financé par la Commission Européenne fait intervenir 7 organisations de 5 pays différents dans la conception d’un guide commun de bonnes pratiques, dont le but est d’aider les éducateurs de surf à mettre en place des programmes de surf adapté pour des personnes en situation de handicap physique et/ou sensoriel.

Notre premier webinaire s’était tenu le 16 septembre 2021, c’est-à-dire pendant la toute première phase du projet. Cette-dernière consistait en une phase d’examen et d’analyse des recherches existantes dans le domaine du surf adapté. Le webinaire avait alors été l’occasion de dévoiler le projet, sa nature, ses perspectives et ses objectifs.

Aujourd’hui, nous nous trouvons au cœur de la deuxième phase du projet. Cette deuxième phase, c’est le fait d’évoluer dans un cadre de travail bien défini et de pouvoir concevoir et mettre en forme cet outil pratique qui pourra aider les éducateurs de surf à soutenir l’inclusion des personnes en situation de handicap par la mise en place de programmes adaptés.

De fait, l’occasion était toute choisie pour organiser un deuxième webinaire ! Celui-ci a permis une nouvelle fois d’échanger autour du projet INCLUSEA et du monde du surf adapté en général, mais aussi de présenter les avancées des recherches et du travail mené par les équipes européennes ces derniers mois.

De la revue de la littérature à l’aperçu de l’outil pratique, en passant par les données récoltées grâce à différents questionnaires et interviews, de nombreux points clés du processus de travail INCLUSEA ont été abordés et expliqués à l’auditoire, composé de différents profils : éducateurs de surf, athlètes, représentants politiques, acteurs du monde du handicap, étudiants, etc.

Le travail se rattachant au processus de recherche (revue de la littérature, résultats des questionnaires) sera d’ailleurs très prochainement disponible et consultable en ligne sur le site inclusea.eu. S’agissant de l’outil pratique, il devrait quant à lui être mis en ligne, à disposition de tous, au printemps 2023, suite à la troisième et dernière phase du projet : la phase d’évaluation et de validation de l’outil.

Ce webinaire s’est ensuite révélé très inspirant grâce à l’implication de nos différents intervenants : Dorian Lafitte, Geoffroy Moucheboeuf, Patrick Florès ainsi que Laurie et Mark Phipps, qui ont partagé des points de vue très intéressants sur le projet et sur le monde du surf adapté en général.

Pour Dorian Laffite, éducateur de surf à l’école N’JOY SURF ACTIVITIES sur le bassin d’Arcachon, l’inclusion des personnes en situation de handicap est une priorité pour laquelle il œuvre au quotidien. Accueillant une proportion importante de personnes en situation de handicap dans ses cours, il revient sur la nécessité de s’adapter, de comprendre les personnes, et sur l’importance du plaisir et de l’amusement pendant l’activité.

Geoffroy Moucheboeuf, médecin rééducateur et athlète de haut niveau en para surf, nous offre quant à lui un point de vue unique sur l’impact du surf et du sport en général chez les personnes en situation de handicap : des bienfaits évidents sur le plan physique, psychologique et social, qu’il a lui-même pu expérimenter après son accident et dont il est aussi témoin tous les jours chez ses patients. L’occasion de revenir sur la prescription médicale de l’activité physique adaptée et sur les difficultés relatives à sa prise en charge financière.

Au tour de Patrick Florès, coach de l’équipe de France para surf, qui nous livre ses impressions et ses sentiments sur ce nouveau challenge qu’il relève. Ayant toujours pensé que « spécialement le surf avait quelque chose à apporter dans tout ce qui concerne le bien-être des gens », il met l’accent sur le mérite des para surfeurs, qui décident de se lancer dans l’océan, un élément naturel et « instable », ainsi que sur la remise en cause nécessaire par laquelle il est passé afin de coacher au mieux ses nouveaux athlètes.

Pour finir, Laurie Phipps, également athlète de haut niveau en para surf et Mark Phipps, shapeur australien créateur de la marque Mark Phipps Surfboards, nous ont livré un échange passionnant. L’occasion d’en savoir plus sur le palmarès déjà notable de Laurie alors qu’elle n’a débuté les compétitions de para surf que récemment ; et sur le travail bluffant de son père, qui nous explique la manière dont il relève le défi de shaper des planches de surf adaptées…

En bref, un webinaire inspirant, enrichissant et passionnant, qui s’est clôturé par un temps d’échange et de questions avec l’auditoire.

PS : Si vous avez loupé ce rendez-vous ou si vous souhaitez y assister à nouveau, le replay est désormais disponible sur la chaîne YouTube Handi Surf ! Voici le lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=6hgkPLDYF74


Clara DUPONT

Handi Surf accueille dans ses locaux les premières classifications internationales de Para surf en Europe

La semaine dernière, l’Association Nationale Handi Surf accueillait dans ses locaux de Bayonne un temps de formation des classificateurs internationaux de para surf ainsi que des classifications internationales des athlètes para surf. Ces deux temps forts sont une première en Europe et se sont tenus en marge de l’Open de France de ce dimanche à Anglet, compétition internationale

Une formation sur le sol européen indispensable

Jeudi, le Docteur Maureen Johnson, Responsable de la classification pour la Fédération Internationale de Surf (ISA), accompagnée de Jordi Beltran (classificateur international), animait une journée de formation au sein de la Maison des Aidants Handi Surf à Bayonne pour 5 de ses stagiaires (3 français, 1 espagnol et 1 australien). Tous issus du corps médical ou paramédical (il s’agit d’un des pré-requis), les futurs classificateurs internationaux ont ainsi pu s’entrainer à mener des évaluations approfondies des athlètes para surf conformément au code de classification, aux normes internationales et aux pratiques éthiques pour attribuer avec précision une des 9 classes du Para surf aux athlètes.
Une journée de formation, suivie d’un temps de pratique puisque les « trainees » (nom donné aux personnes en formation classificateur par l’ISA) ont assisté aux classifications de 30 athlètes sur les journées du 26 et 27 août, sous la supervision de deux classificateurs internationaux certifiés : Maureen Johnson et Jordi Beltran.

Des journées importantes dans leur parcours pour devenir classificateur international, qui nécessite plusieurs heures de théorie et de pratique. Basée sur les directives du Comité International Paralympique concernant la formation des classificateurs internationaux dans le para sport, leur formation doit ainsi permettre de disposer d’un comité de classification composé de personnes certifiées et utilisant la même méthode.

Alors qu’aujourd’hui l’Europe ne compte qu’un seul classificateur international (deux sont nécessaires pour mener des classifications internationales), ces journées sur le sol européen sont cruciales. Elles permettront, au terme de la formation de ces « trainees », d’agrandir le panel de classificateurs internationaux européens et ainsi de classifier davantage les athlètes para surf du continent.

Les classifications, véritable enjeu pour une compétition équitable

Évaluation de la force, de la flexibilité, de l’équilibre et de la coordination… les classifications sont un véritable enjeu pour une compétition plus juste. Alors que la principale difficulté dans le para sport réside dans le fait que chaque handicap est différent, les classifications permettent en effet, de créer un terrain de jeu plus équitable pour minimiser l’impact des handicaps sur les performances sportives. Elles sont aussi le point d’entrée dans le monde paralympique.

Sur les journées du 26 et du 27 août, ce ne sont pas moins de 26 athlètes français et 4 étrangers qui se sont fait classifier à Bayonne, et qui pourront ainsi concourir dans les bonnes catégories pour les échéances régionales et nationales et prétendre à aller vers les mondiaux. Des classifications attendues, qui permettaient aux athlètes d’éviter des déplacements internationaux (et coûteux) et qui démontrent la nécessité d’en développer au niveau européen.

Ces trois jours, au sein des locaux Handi Surf, sont un nouveau pas pour le développement du para surf ainsi qu’un signal fort pour le Comité International Paralympique, en démontrant que tout est fait pour le développement du para surf au niveau international : formation des éducateurs, encadrement des athlètes, formation des classificateurs internationaux et classifications internationales.

Après ces journées chargées, les classificateurs et les athlètes classifiés seront tous demain sur l’Open International de Para surf organisé par la Fédération Française de Surf avec l’Association Nationale Handi Surf et Rip Curl à la suite du RipCurl Pro d’Anglet (QS 3000).

Sandra SAINT-GEOURS

Retour sur le webinaire : 5 intervenants pour parler du Para Surf autour du projet INCLUSEA

Handi Surf a organisé ce jeudi 16 septembre 2021 un webinaire dans le cadre d’un projet européen dont le but est d’établir, avec 6 autres pays, une méthodologie d’enseignement commune du para surf et de soutenir l’inclusion des personnes en situation de handicap : INCLUSEA.

5 Intervenants se sont réunis en présentiel et en visioconférence pour parler, non seulement de ce projet, mais aussi des différents aspects du sport et du handicap.

Jeudi dernier, dans les locaux de sa Maison des Aidants, Handi Surf présentait le projet INCLUSEA aux acteurs du surf en France, mais aussi au monde du sport en général et du handicap. Un projet, financé par la Commission Européenne dans le cadre de son programme Erasmus+ Sport, en partenariat avec 7 organisations de 5 pays européens. Sur 30 mois, il a pour but d’évaluer, de développer et de co-créer des guides de bonnes pratiques, visant à établir une méthodologie d’enseignement commune des éducateurs de surf qui accueillent des personnes en situation de handicap physique et/ou sensoriel. Il s’agit ainsi d’améliorer l’accessibilité de la pratique sportive de ces personnes à des fins compétitives, récréatives et / ou thérapeutiques, mais aussi de promouvoir et mettre en évidence les bienfaits du surf sur la santé et le bien-être qu’il procure

Pour mieux comprendre les bénéfices de cette pratique, et identifier ce que le projet INCLUSEA offrira aux personnes en situation de handicap, l’association avait convié des intervenants…

Le para surf sous le regard de professionnels

Ils sont médecin général, anthropologue, éducateur de surf spécialisé dans le para surf, vice-champion du monde de para surf et fondateur de l’association Handi Surf. Pendant une heure et demie, ces cinq intervenants ont partagé leurs réflexions et expériences sur les bienfaits du surf chez les personnes en situation de handicap, se sont exprimés sur l’importance que la pratique peut avoir dans la prise en compte de l’individu et ont expliqué les techniques utilisées afin de permettre une plus grande accessibilité à la discipline. Ayant des expertises et regards différents, ils analysent et expérimentent les bienfaits du surf sur des publics variés. C’est avec passion et expertise qu’ils ont su retenir et captiver l’intention de l’auditoire et expliquer les bienfaits réels et directs que le surf peut avoir sur le corps et l’esprit

Une reconstruction physique et psychique et un oubli du quotidien

Après un début de webinaire où le projet INCLUSEA  a été explicité à l’ensemble de l’auditoire, la prise de parole est à Éric Lapeyre, chef de service de Médecine physique et réadaptation à l’Hôpital d’instruction des armées de Percy de Clamart et organisateur du stage « sport, Mer et Blessure ». C’est en connaissance de cause et avec expertise qu’il a pu démontrer l’utilité et l’importance des sports nautiques comme moyen de reconstruction physique et psychique tels que l’esprit d’équipe, la cohésion, la perception du danger…

S’en suivra Anne Sophie Sayeux, anthropologue et ethnologue spécialisée dans les sujets interrogeant le corps et la nature qui affirme, après différentes études et analyses, que le surf est un oubli du quotidien pour une notion de bien-être pouvant aller jusqu’à en oublier son propre handicap. Selon elle, avec le surf, « on ne parle pas seulement de dépassement de soi mais également de la possibilité d’être soi au milieu de la nature et de l’océan ».

Un matériel adapté pour une plus grande accessibilité

Une discipline qui requiert une certaine technique pouvant emmener autant de questionnements quant aux possibilités d’exercer cette activité.  Ce sera donc Julien caste, notre formateur d’handi surf, titulaire d’un DU Autisme et entraîneur des équipes de France Para Surf, qui s’exprimera sur cette thématique apportant des éléments de réponses sur les différentes pratiques et possibilités qu’il existe dans le para surf. Que ce soit debout avec des adaptations matérielles, à genoux, en position assise avec une pagaie, allongé en autonomie ou couché avec assistance, il existe différentes manières d’évoluer sur les vagues que ce soit en loisir ou en compétition. Comme l’explique Julien, dans le para surf en compétition, il existe 7 catégories pour le handicap moteur et 2 pour le handicap sensoriel qui sont pensées en fonction du type de surf pratiqué afin de maintenir une équité sportive.

Parler du matériel adapté et plus particulièrement des prothèses pour les personnes en situation de handicap, c’est sur ce sujet que notre dernier intervenant, Eric Dargent s’est exprimé. Eric, est un surfeur aguerri et un amoureux des sports de  glisse.  Amputé en dessous du genou, il a plusieurs victoires au compteur dans sa catégorie, (plusieurs fois Vice Champion du monde et champion d’Europe de Para Surf en 2019) et est le président fondateur de l’association Surfeurs Dargent. Il a su créer et développer des prototypes pour des prothèses qu’il a ensuite élargies et adaptées à différents sports. L’objectif d’Eric est d’offrir la possibilité aux personnes en situation de handicap de pratiquer un sport de glisse en mer ou en montagne.

Un webinaire enrichissant qui se clôturera par une série de questions et d’échanges avec l’auditoire.

Elise Baritaud

La semaine du handicap sur la côte basque

A l’occasion de la semaine du handicap, l’association Handi Surf a offert 2 semaines de surf pour toutes les personnes atteintes de handicap animées par la pratique du sport. 

Des sessions d’environ une heure étaient organisées matin et après-midi, encadrées par des bénévoles.

Pendant deux semaines, Aitana Caumont et Julen Marticorena étaient présents tous les jours afin d’accompagner les personnes à l’eau. 
Étant tous les deux élèves en STAPS APA Anglet, c’est chez Handi Surf qu’ils ont choisi d’effectuer leur stage.
Julen témoigne : « Une expérience humaine unique, qui m’a permis d’avoir une vision différente du monde qui nous entoure! »

Nos surfeurs ont titillé la vague angloye mais pas que ! En effet, c’est à Hendaye que se sont exercés nos sportifs lors de la deuxième semaine. 

Grâce à l’école de surf Lehena située face à la mer, nous avons pu avoir des conditions optimales. 

Ce stage était ouvert à tous types d’âges et d’handicaps (moteur, mental etc..) avec pour mot d’ordre : l’inclusion !

La bonne humeur était au rendez-vous tous les jours, avec les progrès de tous. 

Nous avons été très chanceux car le soleil aussi était de la partie ! 

Retrouvez nos vidéos IGTV sur Instagram : handi__surf !

Quoi de mieux qu’une après-midi Stand Up Paddle sur la Nive, le Vendredi 23 avril pour clôturer ces deux magnifiques semaines !

Crédit photo : RiBlanc & Alaïa Jeanneau

Alaïa Jeanneau

“INCLUSEA”, 7 organisations de 5 pays pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le surf en Europe

Handi Surf est partie prenante du projet européen « INCLUSEA (IN=SEA) », cofinancé par le programme Erasmus + de l’Union Européenne. Avec six autres organisations d’Espagne, du Portugal, d’Irlande et d’Allemagne, l’association souhaite ainsi développer, au niveau européen, une méthodologie commune pour l’enseignement du surf au public en situation de handicap moteur et sensoriel. Une volonté de renforcer toujours plus l’inclusion et l’égalité des chances dans la pratique du surf !

Le surf, facteur de bien-être et d’inclusion sociale

Depuis plusieurs années, les bienfaits de l’activité physique et du sport sur la santé sont largement reconnus tant par le corps médical que par les acteurs publics internationaux et nationaux. Le sport est ainsi devenu un enjeu de santé publique pour ses vertus sur la santé physique, le bien-être mental, l’amélioration de la qualité de vie et pour l’inclusion sociale qu’il permet. 

Se pratiquant au contact de l’Océan, le surf est un sport disposant de bénéfices particuliers. La discipline offre ainsi un riche panorama en termes d’expériences sensorielles, stimulant le corps dans sa globalité, et apporte de nombreux bénéfices : développement de la masse musculaire, réduction des douleurs, effet relaxant et anti-stress, lutte contre l’anxiété, amélioration du sommeil, sentiment de bien-être etc…

Alors, comment rendre cette discipline riche en bénéfices, accessible à tous ? Désormais reconnue pour son expertise, l’Association Nationale Handi Surf a opté, depuis 2014, pour la formation des éducateurs de surf qu’elle a identifié comme étant un frein à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la pratique. Aujourd’hui, elle s’allie à ses partenaires européens dans le but de développer ensemble une méthodologie commune !

INCLUSEA, un projet européen en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap moteur et/ou sensoriel

Le projet INCLUSEA, c’est un projet de 7 organisations de 5 pays de l’Union Européenne, qui vise à promouvoir et encourager une inclusion et une accessibilité plus importante à travers le surf en Europe pour les personnes ayant un handicap physique et / ou sensoriel. 

Sur 30 mois, de façon participative et interdisciplinaire, il s’agit ainsi d’évaluer, de développer et de co-créer des guides de bonnes pratiques, visant à établir une méthodologie d’enseignement commune des éducateurs de surf qui accueillent des personnes en situation de handicap physique et/ou sensoriel. Le but est ainsi d’améliorer l’accessibilité de la pratique sportive de ces personnes à des fins compétitives, récréatives et / ou thérapeutiques. 

Le projet a aussi pour intention de promouvoir et mettre en évidence les bienfaits du surf sur la santé et le bien-être qu’il procure

Le projet INCLUSEA est cofinancé par le programme Erasmus + Sport de l’Union européenne, dirigé par la Sociedad Regional de Educación Cultura y Deporte del Gobierno de Cantabria (Société régionale d’éducation, de culture et de sport du gouvernement de Cantabrie -SRECD- basée en Espagne), en partenariat avec le conseil municipal de Ribamontán al Mar (Espagne), Surf Clube de Viana (Portugal), Université de Trás-Os-Montes & Alto Douro (Portugal), Liquid Therapy Foundation (Irlande) et Deustcher Wellenreitverband EV (Allemagne)et Association Nationale Handi Surf (France)

Pour plus d’informations : hello@inclusea.eu

Retrouvez le projet sur : https://inclusea.eu/

Photo : @RiBLANC

La glisse comme outil d’insertion professionnelle, un projet lauréat « Impact 2024 »

« Surfer » sur le net pour chercher un emploi c’est une chose, en trouver un lorsqu’on est en situation de handicap en est une autre. C’est pourquoi l’Association Nationale Handi Surf, l’EuroSIMA* et la Fédération Française de Surf collaborent en vue de permettre aux personnes en situation de handicap de s’insérer professionnellement au sein d’un secteur qui les passionne : la glisse. Un projet soutenu par « Impact 2024 » !  

Un projet pour mettre de côté les préjugés

Peurs, craintes, questionnements … autant de critères qui peuvent conduire à une certaine réticence quant à l’emploi des personnes en situation de handicap. En 2019, le taux de chômage de ce public était 2 fois plus élevé que la moyenne nationale (18% contre 8,5%)**. Alors comment réduire ce fossé d’inégalités ?

Former et sensibiliser

Le consortium a souhaité mettre en place une formation pour démontrer aux entreprises et employeurs du secteur de la glisse, les atouts et bénéfices que peut amener l’emploi de personnes en situation de handicap, motivées et porteuses des valeurs du sport.

Divisé en différentes phases, le projet veut toucher un large réseau de professionnels : cadres, responsables RH des entreprises du secteur de la glisse, structures employeuses du réseau EuroSIMA et issues du réseau fédéral ainsi que leurs salariés.

Accompagner

Il s’agit alors de leur démontrer la richesse d’une diversité de profils : favorisation des échanges entre salariés, réflexions sur l’organisation générale du travail, adaptabilité, etc… Le handicap n’est pas une limite, bien au contraire, c’est un véritable atout et un levier de performances mais qui nécessite un accompagnement. L’objectif est ainsi d’aider les employeurs du secteur de la glisse dans leur démarche, tout en respectant le projet professionnel des personnes en situation de handicap.

Donner une chance, c’est prendre en compte une volonté pour avancer ensemble et considérer un travail à sa juste valeur.

Ce projet commun, pour le moment circonscrit à la Nouvelle-Aquitaine, a été retenu parmi les 55 lauréats de la première édition « Impact 2024 ». Une valeur ajoutée pour la mise en relation des bénéficiaires Handi Surf avec le monde du travail !  

Elise BARITAUD, Handi Surf

* le cluster des entreprises européennes de la glisse

** https://www.ocirp.fr/le-taux-de-chomage-des-personnes-en-situation-de-handicap

« Les voix d’Handi Surf » #4 – Julien Caste et « Lehena », premiers sur la vague Handi Surf

Associé à son ancien collègue Battit Chaudière, il a repris la plus ancienne école de surf d’Hendaye qu’ils ont renommée « Lehena ». Encadrant, co-responsable de structure de surf et formateur Handi Surf, Julien Caste le multi-casquettes, nous raconte la mise en place et la vie du projet « Quand le handicap se dissout dans l’eau » dans une école de surf.

« On accueille tout le monde ! »

Il a eu du mal à quitter les bancs de l’école : BTS en gestion de protection de la nature, Brevet d’Etat de surf, éducateur spécialisé, DU accompagnement des personnes avec autisme, à 37 ans Julien Caste a un curriculum vitae bien rempli. Ce passionné de surf, attaché au volet éducatif et au secteur social, a voulu tout associer. Avec Battit Chaudière, diplômé STAPS APA (Activité Physique Adaptée), ils ont monté une école à leur image. Bon enfant, souhaitant rendre le surf accessible à tous, Lehena, « la première » en basque, est aussi la première structure en France à avoir obtenu le label Handi Surf. En face de la plus grande plage de la Côte Basque, dépeinte comme le paradis de l’enseignement du surf, ils permettent depuis 2013 à des personnes en situation de handicap de goûter aux plaisirs de la glisse. Reconnue pour son engagement, Lehena l’est tout autant que son co-dirigeant, qui est notamment intervenant dans la formation Handi Surf. Un éducateur né qui ne manque pas de motivation.

Bonjour Julien ! « Lehena », l’école de surf que tu co-diriges, est la première structure à avoir obtenu le label « Handi Surf » en France. Depuis quand et pourquoi avez-vous voulu mettre en place le projet Handi Surf ?

Bonjour ! Ça s’est passé plus ou moins naturellement. En fait dès que j’ai eu le BE de Surf, à 23 ans, avant même de passer mon diplôme d’éducateur spécialisé, j’ai bossé avec des groupes de la protection judiciaire de la jeunesse et des jeunes en situation de handicap. J’avais bien kiffé, ça m’a donné envie de faire ça, de me former. Battit, qui avait un diplôme de STAPS APA était lui aussi dans cette optique.

Quand on a repris l’école en 2012, on a donc monté des projets avec des institutions, notamment le foyer de vie Celhaya à Cambo. On avait fait un retour vidéo et à la fin du projet on était parti là-bas leur présenter notre montage. Jean-Marc (Jean-Marc SAINT-GEOURS, fondateur Handi Surf) est tombé dessus, m’a appelé, et c’est comme ça qu’on s’est rencontré et qu’on est rentré dans le dispositif Handi Surf. Ça fait un petit moment maintenant !

Quel « type » de public accueillez-vous le plus ?

On accueille tout le monde !

Après ça dépend si on parle d’accueil de groupes issus d’institutions ou non. Par exemple, on a des projets avec deux groupes de Plan Cousut (Institut médico-éducatif de Biarritz), dont l’unité autisme, qui viennent toutes les semaines. Depuis l’année dernière en fonctionnement régulier nous n’avons qu’eux, donc beaucoup de public en situation de handicap mental. On accueille aussi des groupes avec du handicap moteur, mais de façon plus ponctuelle, les institutions avec qui nous travaillons n’étant pas forcément du coin, à part Marienia (Cambo) avec qui on travaille chaque année.

Et c’est bien sûr sans compter les particuliers !

Cela fait maintenant sept ans que vous travaillez avec la méthode Handi Surf. Est-ce que vous savez si des personnes viennent spécifiquement en vacances dans la région pour les cours que vous proposez ?

Oui ! Notamment quelques allemands de l’équipe nationale qui viennent surfer avec nous depuis 2 ou 3 ans. C’est parti d’une personne, Benny, qui était venu sur la Côte Basque et qui était motivé pour surfer. Il en a parlé autour de lui, a ramené des potes et par le bouche-à-oreille ils sont maintenant 3 à prendre des vacances sur la Côte pour venir surfer avec nous. Y’en a plusieurs comme ça qui prennent chaque année deux semaines pour prendre des cours à l’école !

Notre avantage c’est que quand une personne s’inscrit, on n’a pas de questions à se poser sur l’emploi du temps etc… chaque moniteur peut l’accueillir !

A la différence des clubs de surf qui font des cours hebdomadaires sur l’année scolaire, ta structure est une école qui par nature fonctionne surtout en saison. Est-ce que malgré cela vous arrivez à mettre en place des cours inclusifs ?

Oui, on en fait un petit peu même si c’est plus difficile dans une structure privée que dans un club de surf (dans le monde du surf, on distingue les clubs de surf structures associatives qui fonctionnent à l’année, et les écoles de surf, entreprises privées, qui travaillent surtout en saison). On fait de l’inclusion sur certains types de handicap, avec certains profils autistiques. Il faut que ça s’y prête bien et bien choisir le groupe avec qui tu le fais. Dans l’inclusif, surtout dans le handicap mental, il faut qu’il y ait une récurrence de l’activité que nous on n’a pas. C’est surtout des stagiaires à la semaine, donc d’une semaine à l’autre ça change, ce qui peut être plus perturbant qu’aidant. Il faut que ça soit réfléchi, c’est pas l’inclusion comme on la définit en club quand il y a une pratique régulière à l’année où tu peux ritualiser pleins de choses. Dans un club, pour tout type de handicap on peut travailler l’autonomie dans l’eau, ce qui fait que dans la zone de surf, au bout d’un certain nombre de séances de pratique, le handicap disparait.

En école de surf, c’est différent, c’est beaucoup d’initiations, donc une autonomie dans l’eau limitée. Encore que dans notre école, nous avons de la chance d’avoir une clientèle qui revient d’année en année, parfois même en hors saison, donc une progression dans la pratique !

Quels projets souhaiteriez-vous développer autour du Handi Surf ?

Peut-être un peu plus de perfectionnement para surf ou para surf adapté, mais peu de personnes font des cours à l’année. On est une école, donc il y a forcément un coût qui est plus élevé qu’en club !

On avait aussi pas mal d’évènements prévus, qui ont été annulés au vu de la crise sanitaire. Nos projets avec les institutions sont suspendus… donc on verra à la rentrée, c’est un peu au ralenti pour le moment !

Quel mot définit pour toi la pratique du « Handi Surf » ?

Passion !

« Les voix d’Handi Surf » #3- Céline Rouillard, l’Océan pour thérapie

Il y a quatre ans elle cédait à l’appel de l’Océan et commençait le surf. Un sport qu’elle avait choisi de pratiquer pour contrer l’avancée de sa maladie et qui s’est vite révélé être une passion. Céline Rouillard, aujourd’hui compétitrice au niveau national et européen, nous raconte l’impact que la pratique de ce sport a eu sur sa vie.

Elle a grandi à Saint-Jean-de-Luz, face à l’Océan Atlantique qu’elle affectionne, sans jamais toucher une planche de surf. En 2015, elle revient sur la Côte Basque atteinte d’une sclérose en plaques qui affecte sa motricité et décide de se lancer corps et âme dans la pratique de ce sport exigeant. Un nouveau défi à relever pour Céline Rouillard qui considère le handicap comme une différence mais pas comme un obstacle. Quatre ans plus tard, cette challengeuse a tout gagné : une passion, une amélioration de son état de santé et deux titres d’envergure. En seulement deux années de compétitions elle devient en effet, Vice-Championne de France Para Surf en 2018 et Championne d’Europe dans sa catégorie en 2019. Une sportive qui n’a pas froid aux yeux et pour qui « rien n’est impossible ».

« C’était un challenge d’essayer un nouveau sport »

Bonjour Céline ! Depuis plusieurs années maintenant tu pratiques le surf, notamment en compétition. Quand as-tu commencé ce sport ? Étais-tu déjà montée sur une planche avant ta pratique du « Handi Surf » ? 

Bonjour ! J’ai commencé le surf il y a quatre ans, quand je suis rentrée au Pays Basque pour me remettre en forme du fait de ma maladie. Je n’en avais jamais fait auparavant. En grandissant à Saint Jean de Luz, j’ai fait beaucoup de sports aquatiques, notamment de la natation, mais je n’avais jamais touché une planche ! Un jour j’ai rencontré Jean-Marc (Jean-Marc SAINT-GEOURS, Directeur et co-fondateur de l’Association Nationale Handi Surf) lors d’une séance piscine. Je lui ai alors demandé si c’était possible de faire du surf avec ma maladie, il m’a répondu : « Céline, rien n’est impossible ».

Que ressens-tu lorsque tu es dans l’Océan et que tu surfes ?

La liberté !

Je suis atteinte d’une sclérose en plaques, une maladie qui touche le système nerveux et affecte la motricité. Quand je suis dans l’eau je suis plus légère et portée par la flottaison. L’Océan offre une facilité dans les gestes et dans le mouvement. Au niveau moteur c’est génial ! Ca m’a été très utile physiquement de pratiquer ce sport.

Est-ce qu’après ces quatre années de surf tu as pu voir des bénéfices dans ta vie quotidienne ?

Le surf m’a énormément apporté, tant au niveau moteur que mental. Ca m’a permis de faire l’inventaire des possibilités qui s’ouvraient à moi et des nouvelles choses que je pouvais faire. C’était un challenge d’essayer un nouveau sport, de faire quelque chose que je ne faisais pas avant ma maladie. On se concentre sur le positif au lieu de se focaliser sur ce qu’on ne peut plus faire ! J’y ai aussi fait la rencontre de personnes inspirantes. On se rend compte que chacun a ses difficultés. Et dans un sport comme celui-ci, exigeant et qui nécessite de s’adapter sans cesse à l’environnement, c’est d’autant plus flagrant.

Je ne suis pas la seule à en avoir senti les bénéfices, l’équipe médicale qui m’entoure a été impressionnée des résultats et des progrès que j’ai pu faire !

Tu as commencé la compétition en 2018, seulement deux ans après tes débuts en surf et tu as déjà gagné deux prix importants ! Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans la compétition ?

C’était un challenge. Dans mon club (l’Aviron Bayonnais Surf Club dont elle est aujourd’hui la secrétaire générale) il y avait déjà plusieurs compétiteurs dans les catégories Para-Surf et Para-Surf adapté. Ca a favorisé mon envie de me lancer. Jean-Marc SAINT-GEOURS en était le Président à l’époque, on était donc bien au courant des compétitions de para surf qui avaient lieu !

Même si c’était un défi, c’était surtout un plaisir. A l’extérieur du surf, du fait de ma maladie, je pratique beaucoup de sport, d’exercice physique, notamment de la kiné. La compétition c’était un cadeau que je faisais à mon côté challengeur : ça n’avait plus rien à voir avec ma santé, c’était simplement pour moi !

Il y a aujourd’hui de plus en plus de surfeurs en situation de handicap. Cependant, on voit que la pratique féminine en « handi surf » est plus faible. A ton avis, à quoi est-ce dû ? As-tu pu voir une évolution ?

Oui, je trouve que c’est en train d’évoluer. On est sur une bonne dynamique !

En seulement deux ans, j’ai pu voir un nombre croissant de filles et notamment de jeunes sur les compétitions Para Surf. Le fait que des jeunes filles se mettent à la compétition c’est prometteur pour la suite. C’est surement dû à une évolution plus générale des mentalités depuis plusieurs années. Quand j’étais adolescente, le surf était un milieu plutôt masculin, seuls mes copains garçons surfaient. Aujourd’hui le surf féminin est reconnu. C’est la même chose pour le sport handi ! Aujourd’hui on met la pratique en avant. Cette tendance, on la retrouve dans les centres de rééducation, notamment à Marienia à Cambo où je suis allée. Les professionnels nous vantent la pratique du sport, et nous poussent à nous dépasser. Ils nous aident à trouver de nouvelles façons d’arriver aux objectifs qu’on vise et nous donnent des clefs pour qu’on apprenne à adapter nos gestes. On y côtoie aussi pas mal de sportifs qui viennent s’y entrainer, faire de la préparation physique… Tout ceci porte et nous montre que le handicap est surtout dans les yeux des autres. Qui a décidé qu’il ne devait y avoir qu’une seule façon de faire les choses ?

Pour finir, quel mot définit pour toi la pratique « handi surf » ?

Le plaisir !

Crédit photo : RiBLANC

« Les voix d’Handi Surf  » #2- Dorian Lafitte, la passion au service du handicap

Il a 30 ans et depuis 12 ans il enseigne le surf avec passion au sein du club de surf Ocean Roots sur le bassin d’Arcachon. Encadrant formé à la méthode Handi Surf depuis 6 ans, il est notamment reconnu pour son action auprès des jeunes de l’association M en Rouge. Dorian Lafitte, sacré meilleur éducateur Handi Surf de France en 2018, nous raconte la passion qui l’habite pour son enseignement auprès des jeunes en situation de handicap.

 » Une fois que j’ai mis le nez dedans, je n’ai plus lâché ! « 

Certains ont la fibre de l’enseignement et c’est assurément le cas de Dorian Lafitte. A peine majeur, ce passionné de surf et de bodyboard délaisse la compétition qu’il pratique au niveau national, pour se consacrer à l’enseignement de son sport-passion au sein du club où il a évolué : l’Ocean Roots sur le bassin d’Arcachon. Un peu par hasard, il se voit associé dans un projet du club autour du surf et des personnes en situation de handicap et fait partie de la première promotion à être formée à la méthode Handi Surf. Quatre ans après il est élu meilleur éducateur Handi Surf de France. La raison ? Le plaisir qu’il prend à cet enseignement un peu spécifique et les actions qu’il a mises en place avec les jeunes de l’association M en Rouge. Un éducateur qui marche au challenge et aux sourires des jeunes qu’il encadre.  

Bonjour Dorian ! Cela fait plusieurs années maintenant que tu encadres la pratique « Handi Surf ». Comment es-tu arrivé à t’impliquer auprès des personnes en situation de handicap ? Pourquoi avoir décidé de te former à la méthode Handi Surf ?

Bonjour ! Si j’ai commencé à faire surfer des personnes en situation de handicap et que je me suis formé pour, c’est un peu par hasard. Je ne connaissais pas vraiment cette pratique. C’est grâce à une convention signée entre le club où j’enseigne, l’Ocean Roots, et l’USCBA (Union des Surf-clubs du Bassin d’Arcachon) que ça a commencé. Grâce à ce partenariat, on a pu avoir des locaux accessibles avec douches et vestiaires, ce qui nous a permis de développer de nouvelles actions, de nouveaux projets… et notamment celui porté par le président de l’USCBA de l’époque, Bertrand Druart, et les associations Grandir avec ABA et M en Rouge ! C’était en 2014, ils souhaitaient monter un projet autour du surf pour les personnes en situation de handicap et la même année l’Association Nationale Handi Surf organisait sa première formation. On m’a proposé d’être l’éducateur de la structure qui irait se former, j’ai accepté… et une fois que j’ai mis le nez dedans je n’ai plus lâché !

Qu’est-ce que t’apportes ton enseignement auprès des personnes en situation de handicap ?

Une capacité d’adaptation et beaucoup de joie ! Je travaille beaucoup avec l’association M en Rouge et donc majoritairement avec des personnes porteuses d’autisme. Le maître mot de l’enseignement auprès des jeunes que je suis c’est l’adaptation : l’adaptation de la pédagogie à la personne à qui l’on enseigne. Chacun fonctionne différemment, il faut donc sans cesse adopter une approche différente. C’est l’enseignement à partir de la personne qui me plait, c’est toujours stimulant ! J’enseigne le surf depuis 12 ans maintenant, et ce qui me marque dans ces cours c’est la joie et l’émotion qui y règnent. C’est différent du public dit « valide », ils ne cachent pas leur plaisir d’être là, que ce soit en piscine ou dans l’Océan, c’est toujours un vrai bonheur pour eux et donc pour moi.

Tu es le moniteur référent du programme Handi Surf de l’association M en Rouge, et tu encadres des séances d’aisance aquatique en piscine tous les premiers dimanches du mois : est-ce que ces moments sont importants pour la pratique en milieu naturel ?

Oui, c’est certain. On a vu que c’était nécessaire lors de la première entrevue avec les enfants et les familles pendant un week-end Handi Surf à la plage de La Salie. Certains enfants ne mettaient même pas les pieds dans l’eau, c’était assez compliqué. Avec Carol Combecave (N.D.R.L Présidente de l’association M en Rouge) on a donc voulu mettre en place des séances en piscine, comme le proposait la méthode Handi Surf. Le but c’est de faire de l’aisance aquatique en relation avec la pratique du surf, et ainsi de familiariser les enfants à l’eau, au matériel, à la planche, de créer un lien de confiance avec l’éducateur. Par le jeu on leur apprend à souffler dans l’eau, à faire l’étoile de mer, à respirer, à flotter etc… Ils s’habituent aussi au bruit ambiant de la piscine, et sont moins déstabilisés par la stimulation sensorielle qu’ils subissent en bord de mer. Ces séances sont donc importantes pour la pratique en milieu naturel et les progrès réalisés par les enfants en piscine se ressentent dans l’Océan… où en tant que surfeur je suis quand même bien plus à l’aise !

Depuis 2017, tu emmènes des jeunes de l’association sur les Championnats de France de Surf : comment t’es venu l’idée d’amener ces jeunes en compétition ? Est-ce que c’était une demande de leur part ?

Alors pour être honnête l’idée n’est pas venue de moi ! C’était une envie des jeunes et de leurs parents. J’étais même un peu frileux à cette idée, j’avais peur que l’environnement de la compétition, avec son lot de stress et de compétitivité ne soit néfaste pour le groupe, que ça entraine de trop grandes frustrations. Finalement Jean-Marc (N.D.R.L Jean-Marc Saint-Geours, Directeur et co-fondateur de l’Association Nationale Handi Surf) nous a poussé et en 2017 pour la première fois nous avions 5 jeunes qui représentaient les couleurs de M en Rouge et du club Ocean Roots au sein de la catégorie Para Surf Adapté des Championnats de France de Surf (N.D.R.L une catégorie qui existe depuis 2015). L’effet de cette compétition a été tout l’inverse de ce que je craignais : ils se sont très bien débrouillés, ils étaient vraiment heureux, solidaires et ont été boostés par cette participation d’où chacun est ressorti gagnant. La motivation est telle, que l’année passée nous étions 9 jeunes de l’association M en Rouge et du club Ocean Roots dans la catégorie… sur 11 compétiteurs !

La cérémonie de la remise des prix l’an passé a été le point d’orgue de notre travail et pas seulement parce qu’ils ont eu le privilège, que beaucoup de surfeurs doivent leur envier, de se voir remettre leur prix par Jérémy Flores. Pour la première année, la remise de prix de la catégorie Para Surf Adapté avait lieu au même moment que celle des autres podiums, ce qui veut dire qu’ils ont reçu leur prix devant une salle bondée, bruyante et clairement enthousiaste, ce qui peut se révéler difficile pour des personnes porteuses d’autisme. Comme l’ensemble des compétiteurs, ils ont simplement profité du moment. Dans ces moments-là, on se souvient des premières séances avec eux, quand les parents et les médecins nous disaient que certaines choses seraient impossibles, qu’il y avait des limites et des freins qui semblaient insurmontables. Quand il me semblait parfois que la progression était limitée, qu’on tournait en rond. Finalement, quand on prend du recul et qu’on voit l’évolution des jeunes c’est impressionnant ce que le surf a pu leur apporter. Pour beaucoup, cela a eu un impact dans leur vie quotidienne, notamment sur la concentration à l’école. C’est super !

Quel mot définit pour toi ton engagement auprès de ces jeunes ?

Le Partage !

Dans le contexte actuel, difficile pour de nombreux surfeurs, as-tu des nouvelles de tes jeunes ? Ont-ils hâte de reprendre les activités surf ?

Avec certains on garde le contact, je reçois des messages, des mails, des messages vocaux des enfants envoyés par les parents… c’est très sympa. Ils nous tardent à tous de reprendre le surf, et il me tarde de les revoir. Pour le moment on prépare le potentiel retour à l’eau, on est en train de mettre en place des exercices qu’on va leur envoyer pour qu’ils se remettent un peu au boulot ! Quand il sera possible de rouvrir le club, nous avons prévu, avec les consignes données par l’Association Nationale Handi Surf, de faire des cours particuliers et de mettre à l’eau les aidants familiaux pour le respect des gestes barrières. Ils vont pouvoir mettre à profit ce qu’ils ont appris en surf (beaucoup d’aidants se sont mis à la pratique du surf pour partager la passion de leur enfant) et lors de la formation Handi Surf qu’ils ont suivie l’an passé !

Propos recueillis le 12 mai 2020

Crédit photo : M en Rouge

« Les voix d’Handi Surf » #1- François GOUFFRANT et Jean-Marc SAINT-GEOURS, les initiateurs d’un projet « un peu fou »

Ils sont amis depuis de nombreuses années, surfeurs depuis des dizaines et passionnés par ce sport. Ensemble et un peu par hasard, ils ont créé l’Association Nationale Handi Surf et permis à de nombreuses personnes en situation de handicap d’accéder aux plaisirs de la glisse. François GOUFFRANT (le président) et Jean-Marc SAINT-GEOURS (le directeur) introduisent naturellement ce cycle « Les voix d’Handi Surf ».

« Nous avons commencé avec 3 enfants sur la plage Marinella à Anglet en 2008 »

Sur les vagues du Pays Basque, ils ont passé de nombreuses heures à apprendre, à jouer, à partager. Leurs premiers pas dans le monde du surf remontent à quelques (dizaines) années en arrière. Ils vivent « la vie d’un surfeur passionné », comme le résume François GOUFFRANT qui s’intéresse et évolue tant sur le short board, que sur le Stand Up Paddle, single fin, gun et surf tracté. Jean-Marc SAINT-GEOURS a quant à lui décidé de s’impliquer depuis plus de 30 ans dans la vie associative du surf, au niveau local et national. Ils ont tous deux connu la compétition, avec une sélection en Equipe de France pour le président. Avant l’aventure Handi Surf, le duo cochait toutes les cases du surf français. Lorsqu’on leur demande pourquoi ils se sont lancés dans ce projet, leur réponse pourrait être résumée par deux mots : « sport passion » et « partage ». 

Bonjour à vous deux ! Vous avez commencé à faire surfer des personnes en situation de handicap en 2008, comment l’idée vous est-elle venue ? Aviez-vous des personnes en situation de handicap dans votre entourage?

F.G. Bonjour ! L’idée de faire « surfer » des enfants autistes est venue suite à une émission sur une expérience menée au Mexique. J’en ai parlé à Jean-Marc qui, avec « son » Aviron Bayonnais Surf Club (il en était alors le président), a mis à disposition les moyens matériels.

J.SG. Nous avons commencé avec 3 enfants sur la plage Marinella à Anglet en 2008. Pour nous qui n’avions aucune personne en situation de handicap dans notre entourage, cette première action a été un véritable déclic. Nous avons voulu partager cette joie et les plaisirs de la glisse avec d’autres enfants et nous avons alors créé l’association « Des Vagues et des Enfants ».

F.G. Nous faisions surfer entre 3 et 15 enfants par an. Cela aurait pu rester comme cela mais Jean-Marc a eu l’idée d’ouvrir l’action à d’autres types de handicap, et l’association initiale s’est transformée en l’Association Nationale Handi Surf (2012).

Tout a donc commencé grâce à une émission ! Aviez-vous déjà connaissance des bienfaits que le surf pouvait avoir sur les personnes en situation de handicap ?

F.G. Jusqu’en 2008 nous n’avions aucune connaissance des bienfaits du surf sur ce public. En revanche, nous savions très bien que cela était bénéfique pour les personnes valides.

J.SG. Personnellement, j’avais déjà pu observer ses vertus thérapeutiques à deux reprises : une fois dans les années 1990 alors que quelques initiations au surf pour les personnes en situation de handicap ont été réalisées, l’autre sur ma propre personne lors de mon retour à l’eau après une maladie invalidante.

F.G. Quand nous nous sommes posés la question pour les enfants atteints de troubles autistiques, la question n’était pas vraiment de savoir si ça allait leur faire du bien mais surtout de quelle manière nous y prendre.

Justement, est-ce-qu’il a été difficile dans les premiers temps de faire venir vers ce sport, réputé difficile d’accès, des personnes en situation de handicap ? Comment vous y êtes-vous pris ? 

J.SG. Le reportage vu par François nous avait donné envie de nous ouvrir à l’autisme. Le surf est considéré par de nombreux « valides » comme inaccessible, alors quand nous avons présenté le projet de faire surfer des personnes porteuses d’autisme et cherché des personnes pour nous accompagner les portes ne se sont pas tout de suite ouvertes. Le projet était jugé un peu fou ! Les premiers à nous avoir suivi ont été le centre Francessenia à Cambo. Lors de cette initiation nous avions fait un petit film. Tout est vraiment parti de là. Tant notre envie de poursuivre nos actions, que des appels de parents désireux de faire découvrir l’activité à leurs enfants après avoir visionné le film.

F.G. Le plus difficile n’est pas de faire venir des personnes sur la plage pour partager quelques vagues car même si ce n’est pas automatique c’est toujours vécu comme un plaisir par les intervenants (moniteurs de surf, bénévoles) qui encadrent les actions. Le plus difficile est le travail de l’ombre pour aller faire reconnaître la méthode Handi Surf, pour aller trouver des partenaires, pour aller nouer des contacts dans ce milieu si spécifique qu’est le handicap.

Êtes-vous satisfaits du travail accompli jusqu’ici ?

F.G. Oui, plus que satisfait ! Nous sommes partis de 3 enfants porteurs d’autisme auxquels nous voulions faire partager notre sport-passion, et nous touchons aujourd’hui 2500 personnes en situation de handicap par an.

J.SG. Avec la création de la formation Handi Surf qui a conduit à la formation d’environ 300 BE/BPJEPS Surf (éducateurs), la labellisation de 136 structures sur l’ensemble du territoire nationale et l’accueil de plus de 2500 personnes par an, nous sommes très satisfaits tant qualitativement que quantitativement !

Pour finir, quel est le mot qui définit pour vous l’association ?

F.G. Sourire !

J.SG. Inclusion. Parce que toutes les actions et les accueils se font la plupart du temps avec des jeunes valides qui feront la société inclusive de demain.

Crédit photo : RiBLANC