« Les voix d’Handi Surf » #1- François GOUFFRANT et Jean-Marc SAINT-GEOURS, les initiateurs d’un projet « un peu fou »

Ils sont amis depuis de nombreuses années, surfeurs depuis des dizaines et passionnés par ce sport. Ensemble et un peu par hasard, ils ont créé l’Association Nationale Handi Surf et permis à de nombreuses personnes en situation de handicap d’accéder aux plaisirs de la glisse. François GOUFFRANT (le président) et Jean-Marc SAINT-GEOURS (le directeur) introduisent naturellement ce cycle « Les voix d’Handi Surf ».

« Nous avons commencé avec 3 enfants sur la plage Marinella à Anglet en 2008 »

Sur les vagues du Pays Basque, ils ont passé de nombreuses heures à apprendre, à jouer, à partager. Leurs premiers pas dans le monde du surf remontent à quelques (dizaines) années en arrière. Ils vivent « la vie d’un surfeur passionné », comme le résume François GOUFFRANT qui s’intéresse et évolue tant sur le short board, que sur le Stand Up Paddle, single fin, gun et surf tracté. Jean-Marc SAINT-GEOURS a quant à lui décidé de s’impliquer depuis plus de 30 ans dans la vie associative du surf, au niveau local et national. Ils ont tous deux connu la compétition, avec une sélection en Equipe de France pour le président. Avant l’aventure Handi Surf, le duo cochait toutes les cases du surf français. Lorsqu’on leur demande pourquoi ils se sont lancés dans ce projet, leur réponse pourrait être résumée par deux mots : « sport passion » et « partage ». 

Bonjour à vous deux ! Vous avez commencé à faire surfer des personnes en situation de handicap en 2008, comment l’idée vous est-elle venue ? Aviez-vous des personnes en situation de handicap dans votre entourage?

F.G. Bonjour ! L’idée de faire « surfer » des enfants autistes est venue suite à une émission sur une expérience menée au Mexique. J’en ai parlé à Jean-Marc qui, avec « son » Aviron Bayonnais Surf Club (il en était alors le président), a mis à disposition les moyens matériels.

J.SG. Nous avons commencé avec 3 enfants sur la plage Marinella à Anglet en 2008. Pour nous qui n’avions aucune personne en situation de handicap dans notre entourage, cette première action a été un véritable déclic. Nous avons voulu partager cette joie et les plaisirs de la glisse avec d’autres enfants et nous avons alors créé l’association « Des Vagues et des Enfants ».

F.G. Nous faisions surfer entre 3 et 15 enfants par an. Cela aurait pu rester comme cela mais Jean-Marc a eu l’idée d’ouvrir l’action à d’autres types de handicap, et l’association initiale s’est transformée en l’Association Nationale Handi Surf (2012).

Tout a donc commencé grâce à une émission ! Aviez-vous déjà connaissance des bienfaits que le surf pouvait avoir sur les personnes en situation de handicap ?

F.G. Jusqu’en 2008 nous n’avions aucune connaissance des bienfaits du surf sur ce public. En revanche, nous savions très bien que cela était bénéfique pour les personnes valides.

J.SG. Personnellement, j’avais déjà pu observer ses vertus thérapeutiques à deux reprises : une fois dans les années 1990 alors que quelques initiations au surf pour les personnes en situation de handicap ont été réalisées, l’autre sur ma propre personne lors de mon retour à l’eau après une maladie invalidante.

F.G. Quand nous nous sommes posés la question pour les enfants atteints de troubles autistiques, la question n’était pas vraiment de savoir si ça allait leur faire du bien mais surtout de quelle manière nous y prendre.

Justement, est-ce-qu’il a été difficile dans les premiers temps de faire venir vers ce sport, réputé difficile d’accès, des personnes en situation de handicap ? Comment vous y êtes-vous pris ? 

J.SG. Le reportage vu par François nous avait donné envie de nous ouvrir à l’autisme. Le surf est considéré par de nombreux « valides » comme inaccessible, alors quand nous avons présenté le projet de faire surfer des personnes porteuses d’autisme et cherché des personnes pour nous accompagner les portes ne se sont pas tout de suite ouvertes. Le projet était jugé un peu fou ! Les premiers à nous avoir suivi ont été le centre Francessenia à Cambo. Lors de cette initiation nous avions fait un petit film. Tout est vraiment parti de là. Tant notre envie de poursuivre nos actions, que des appels de parents désireux de faire découvrir l’activité à leurs enfants après avoir visionné le film.

F.G. Le plus difficile n’est pas de faire venir des personnes sur la plage pour partager quelques vagues car même si ce n’est pas automatique c’est toujours vécu comme un plaisir par les intervenants (moniteurs de surf, bénévoles) qui encadrent les actions. Le plus difficile est le travail de l’ombre pour aller faire reconnaître la méthode Handi Surf, pour aller trouver des partenaires, pour aller nouer des contacts dans ce milieu si spécifique qu’est le handicap.

Êtes-vous satisfaits du travail accompli jusqu’ici ?

F.G. Oui, plus que satisfait ! Nous sommes partis de 3 enfants porteurs d’autisme auxquels nous voulions faire partager notre sport-passion, et nous touchons aujourd’hui 2500 personnes en situation de handicap par an.

J.SG. Avec la création de la formation Handi Surf qui a conduit à la formation d’environ 300 BE/BPJEPS Surf (éducateurs), la labellisation de 136 structures sur l’ensemble du territoire nationale et l’accueil de plus de 2500 personnes par an, nous sommes très satisfaits tant qualitativement que quantitativement !

Pour finir, quel est le mot qui définit pour vous l’association ?

F.G. Sourire !

J.SG. Inclusion. Parce que toutes les actions et les accueils se font la plupart du temps avec des jeunes valides qui feront la société inclusive de demain.

Crédit photo : RiBLANC